Bulletin du Laïcat dominicain n° 323
Avril – Mai – Juin 2024
Cher.e ami.e,
Chers frère et soeur en saint Dominique,
Peut-on encore parler de transcendance aujourd’hui ? Et faire l’impasse
d’une réflexion philosophique à ce sujet ? Nous frotter à ces questions
a été le défi de ce numéro.
Les pages entrelacent les témoignages de la clarisse Christine Daine et de la peintre Caroline Charlot-Dayez avec le point de vue du poète Jacques Vandenschrick. Et confronte le chemin proposé par maître Eckhart avec les propos d’athées comme Jean Claude Bologne, Marguerite de Yourcenar, Nietzche.
Impression que l’univers s’ouvre, que quelque chose nous dépasse et est en même temps infiniment proche, impression de néant, de vide ou de flou, temps qui s’arrête, éclat furtif d’une lumière autre, confiance, joie, entrevision d’un monde plus clair, plus profond, moins injuste, voilà ce qu’a déclenché chez eux la lecture d’un poème, la contemplation d’une icône, la peinture d’un tableau, la stupéfiante beauté du monde.
Cet indicible ne peut se dire que de façon paradoxale : un loin-près, une présence-absence, l’absolu perçu dans un clin d’oeil ou un bruissement. Pour ces chrétiens comme pour ces athées, cela exclut une transcendance qui nous surplomberait de sa puissance, un Être supérieur sans relation avec ce que nous avons de plus intime et libérateur.
Les philosophes l’énoncent avec leurs concepts : « Ex-ister nous fait sortir de nous-même, en refusant l’idolâtrie du Moi, et nous ouvre à l’appel de l’Autre, nous amenant à aimer, à donner sans jamais imposer », dit Dominique Collin. Pour François Jullien, « La dé-coïncidence fait entendre l’inouï », rejoignant ainsi une des plus fortes intuitions de Maurice Bellet.
Pour le Comité de rédaction,
Jean-Pierre BINAME, OP
Sommaire
- Édito
- Pis que le mort, l’indifférence
- La Transcendance, pour moi…
- Peindre me procure un sentiment de tanscendance
- Poésie, immanence retournée
- Vous avez dit « transcendance » ?
- Le chemin de Maître Eckhart